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volé mes preuves, vous avez mis à mort mes témoins…

— Oh ! Madame ! Madame ! s’écria Charlotte. Un miracle de Dieu n’a pu sauver votre fils pour le jeter en proie à ce monstre !

— Tout ce que Laure avait annoncé arrive ! murmura la marquise. C’est trop, c’est trop pour moi !

Puis elle ordonna tout à coup :

— Qu’on cherche madame la baronne de Vaudré ! qu’elle vienne sur le champ ! Je suis capable d’en mourir !

Elle chancela. Ce fut Mylord qui la soutint dans ses bras.

Édouard ne se débattait plus. Il dit à Charlotte amèrement :

— Si vous m’aviez cru, nous serions loin d’ici.

Ce mot fut entendu et interprété.

Les membres du conseil entourèrent M. de Sampierre.

Mylord mit sa bouche toute contre l’oreille de la marquise qui se redressa tremblante et balbutia :

— Laure est morte ! avez-vous dit cela ! Laure qui était ici tout à l’heure !

Charlotte était la vaillance même. Elle se révoltait contre ces choses extravagantes et impossibles comme un mauvais rêve. Elle fit un pas en avant, mais la marquise, énergique pour une fois, l’arrêta d’un geste qui valait une malédiction.

— Laure m’avait tout dit, prononça-t-elle avec une véritable horreur. Ah ! malheureuse ! malheureuse ! Est-ce ainsi que vous avez payé mes bienfaits !