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Comme Domenica ne pouvait détacher de lui son regard, il lui montra de loin et d’un geste impérieux M. de Sampierre. Celui-ci venait à elle et s’inclinait, sollicitant sa main à baiser.

Domenica donna sa main, mais ne détourna point ses yeux qui semblaient rivés au regard de Mylord.

— C’est mal ! prononça-t-il très-bas : la femme se doit à son mari, même avant de se devoir à son fils !

Et se mettant en marche d’un pas délibéré il vint droit à la marquise dont il prit la main.

C’était la main qui avait la bague chevalière en or. Comme l’avait prédit Laure : il venait à la bague.

— Elle m’a attiré de bien loin, murmura-t-il en baisant l’écusson aux trois glaives. La vérité triomphera, car Dieu le veut.

Puis il ajouta tout haut en se redressant :

— Ma mère, je vous reconnais et je vous salue !

C’étaient les propres paroles annoncées par le sommeil de Laure.

— C’est lui ! répéta Édouard : c’est l’incendiaire et l’assassin !

MM. de Rohan et de Courtenay le contenaient, car il avait fait un mouvement pour s’élancer.

Mylord croisa ses bras sur sa poitrine.

— Je croyais, dit-il sans élever la voix et en mettant son regard froid sur les deux jeunes gens, que ma vue vous aurait fait rentrer sous terre. C’est vous qui êtes les incendiaires, c’est vous qui êtes les assassins ! Vous avez sur moi sans doute l’avantage de l’habileté et de l’endurcissement. Vos moyens sont préparés. Vous avez