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présentez sans doute épouvanté et désarçonné à l’aspect de ces deux revenants dont la présence seule était pour lui un coup si terrible.

Mylord avait fait de bonnes études. Il tenait du docteur Jos. Sharp des principes solides et sûrs. Il savait que les combinaisons les mieux préparées rencontrent des obstacles et que nulle route n’est sans fondrières.

Prétendre qu’il ne reçut pas un choc violent serait mensonge, mais nous affirmons qu’il n’en parut rien.

Il était entré le premier. Changeant instantanément sa mise en scène, il s’arrêta près du seuil et s’effaça pour laisser passer le marquis Giammaria.

— Entrez, mon père, dit-il : nous ne sommes pas au bout. L’imposture a pris les devants !

En ce moment, Édouard et Charlotte que la stupeur avait rendus muets d’abord, le désignaient du même geste et disaient ensemble :

— C’est lui ! c’est l’assassin !

Domenica, effrayée, ouvrit de grands yeux. Elle rencontra le regard fixe et hardi de ce pâle jeune homme au col nu, aux cheveux épars, dont la tête se couchait presque sur son épaule.

Elle se souvint des paroles de Laure, qui avait décrit d’avance cette tête inclinée. Un doute entra en elle, et du premier coup la mit à la torture.

Tous les membres du conseil se levèrent à la vue du marquis.

Ce mouvement et la réception qui fut faite à M. de Sampierre par ses nobles parents, donnèrent à Mylord un instant de répit. Il en profita.