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chambre où était mort l’ami de son enfance : le jeune comte Roland.

C’était lors d’un séjour de M. le marquis à Paris : le quatrième portrait était là, faisant pendant à celui de M. de Sampierre.

Dans ces deux cadres, l’histoire de la nuit du 23 mai parlait.

Le portrait de gauche tenait l’arme, le portrait de droite montrait la blessure.

Charlotte avait dit encore comment elle avait retrouvé cette cicatrice, transportée de la toile sur le vif, le soir où Édouard Blunt, blessé, s’était évanoui dans la maison de l’aveugle.

Elle avait dit enfin les efforts et les angoisses de sa dernière journée, le jeu de Pernola, l’entêtement scientifique du marquis et la tentative désespérée qu’Édouard et elle avaient osée à Ville-d’Avray pour opposer au moins l’un à l’autre les deux groupes de conspirateurs.

Elle était femme. Dans ce rapide abrégé, elle évita d’instinct tout ce qui pouvait soulever des doutes dans l’esprit de la marquise, tout ce qui nécessitait des explications ou des preuves : ainsi garda-t-elle le silence sur le double rôle joué par Mme la baronne de Vaudré.

Elle dit seulement l’aventure toute nue : la chambre ronde transformée en prison ; les deux portes, barricadées d’abord, puis embrasées, et l’incendie qui semblait tomber du ciel par la coupole brisée.

Ils étaient là tous deux, dans cette fournaise, Édouard et Charlotte, attendant la mort inévitable, car ils avaient compris que l’incendie avait été allumé volontairement.