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quand il passa le seuil après avoir écarté la résistance de Lorenzin et de Zonza.

Il vit deux fantômes : ses deux premières victimes : Édouard et Mlle d’Aleix qu’il croyait ensevelis sous les décombres de la chambre ronde, à Ville-d’Avray, chez Mme Marion.

Et Charlotte venait justement de raconter au milieu d’un silence étonné, les détails de cette sauvage tragédie, avortée par miracle.

La bonne marquise écoutait bouche béante, admirant son fils qu’elle n’avait pas encore osé serrer dans ses bras.

Il y avait bien en elle un doute qui voulait naître : Laure « endormie, » lui avait parlé, ce soir, d’assassinat et d’incendie. Laure avait accusé Charlotte ; Laure avait dénoncé un imposteur…

Mais les impressions de la pauvre marquise étaient plus fugitives que celles d’un enfant.

Et ce beau jeune homme ressemblait si bien à son rêve !

Charlotte achevait son récit. Elle avait dit ses transes de la dernière semaine, les offres d’alliance à elle faites par Pernola, l’instinctive terreur que lui causait la conspiration, double assurément, peut-être triple, de tous ces gens, acharnés autour de la fortune de Sampierre.

Elle avait dit aussi comment elle connaissait le lugubre secret de famille : bien des rumeurs étaient parvenues jusqu’à elle, mais elle avait tout deviné, un jour que son pieux souvenir l’amenait au pavillon, dans la