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de bandelettes et de pipeaux, pendaient six tableaux, offrant aux regards six sujets de tragédies froids comme des vents coulis.

Dans ce décor vieillot, mais qui n’était pas sans respirer une certaine fierté, des personnages également vieux, pour la plupart, se groupaient.

Le tableau, du reste, valait mieux que le cadre.

Il y avait quelque majesté dans le groupe formé par les représentants de ces races antiques qui avaient été le bas-empire en Orient, dans l’Occident le dernier ressouvenir de la chevalerie.

Alexis Commène était un beau Roumain ; le Lusignan, descendant des rois de Jérusalem et de Chypre, avait une noble prestance. Le Rohan de Hongrie était superbe, le Moldave Courtenay portait haut comme un petit cousin qu’il était de Bourbon et de Bragance ; le patriarche Ghika étalait en éventail une barbe blanche absolument magnifique.

Au milieu du cercle formé par cette « figuration » imposante la marquise Domenica, toute resplendissante de diamants, semblait avoir recouvré, dans la profondeur de son émotion, sa beauté d’autrefois et comme une auréole de jeunesse.

Nous aurions dû dire cela tout de suite peut-être : il y avait auprès de la marquise deux chers enfants : princesse Charlotte, sa fille d’adoption, qu’elle avait cru perdue, et son fils, tant et si longtemps cherché, son Domenico bien-aimé.

Tel fut le spectacle qui s’offrit aux regards de Mylord