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Mylord haussa les épaules et tourna le dos, disant :

— C’est un bien pauvre homme celui qui essaye de tuer un enfant naissant et qui ne peut pas ! Je ne vous hais plus, je vous méprise ; venez !

Il ouvrit la porte de la grotte. M. de Sampierre le suivit la tête basse et l’esprit troublé. Il pensait :

— Celui-là est dur comme le châtiment : ce doit être lui !

Aussitôt qu’ils eurent passé le seuil, l’air humide les frappa au visage, et à mesure qu’ils avançaient cet air humide s’imprégnait d’une intolérable odeur tiède et douce.

À l’endroit où le couloir débouchait dans la grotte, Mylord s’arrêta de nouveau. Il dit :

— Voici le lieu où nous avons livré bataille pour vous, mon père.

C’était, en effet, comme on se représente un coin, pris au hasard, dans un champ de carnage. Cinq cadavres étaient étendus dans la poudre grisâtre, entre le mur, tout brillant de salpêtre et le bassin à demi desséché.

Mœris et Moffray avaient été frappés en pleine poitrine.

Entre eux, le bandit Lamèche gisait la nuque fracassée.

Le corps du Poussah, couché sur le ventre, formait une masse énorme, sa main gauche déchirait la terre, cette terre du domaine de Sampierre qu’il avait si ardemment souhaitée ! sa main droite se crispait dans la