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Nous savons que ce bon Pernola était parti le premier, et bien à contre-cœur, précisément pour l’endroit où il voulait dépêcher le marquis.

Celui-ci, en attendant l’heure de se mettre en route, étudiait un traité de médecine, et repassait la série des observations relatives à la section des deux carotides.

Son entrevue avec Édouard avait violemment réveillé sa manie.

À l’appel de Mylord, il brandit son livre et s’écria :

— Cette fois je vais confondre l’imposteur !

Il ouvrit. Mylord entra, le chapeau sur la tête et il dit :

— Mon père, Vous croyez m’avoir tué. L’intention vaut le fait. Je vous déteste, mais je suis vivant : regardez !

Le marquis resta bouche béante à l’examiner.

— Un autre ! balbutia-t-il après un silence ; celui-là ne ressemble pas à Roland, ni à Domenica, ni à personne !

— Je vous détesterai toujours, reprit Mylord, il faut que vous sachiez bien cela, mon père. Et si j’ai poignardé tout à l’heure Pernola, le scélérat qui voulait vous assassiner, c’est qu’il emportait mon héritage. Voici notre bien.

Il jeta le portefeuille gonflé sur la table, auprès du passeport.

Le marquis demanda :

— Est-ce par suite de la blessure que vous portez la tête penchée ?

— Je vous conseille, répliqua Mylord, dont l’œil se fit