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Leurs regards s’entrechoquèrent. Ils étaient braves tous les deux, la femme plus encore que l’homme.

Mais l’homme avait le vent, le sort, ce je ne sais quoi qui porte.

La femme était vaincue d’avance.

Mylord dit :

— Pourquoi vous tuerais-je ? Les autres me gênaient. Au contraire, j’ai besoin de vous.

Il fit un pas de plus ; elle lui présenta son pistolet entre les deux yeux.

Mylord sourit et recula du pas qu’il avait fait, — ni plus ni moins.

— Vous ne voulez pas me croire, reprit-il : vous savez pourtant bien que j’ai horreur du mensonge, qui est un péché. Maintenant que François Preux est muet pour toujours, je suis seul au monde à savoir ce qu’est devenue votre fille.

Laure changea de visage, mais son arme ne s’abaissa point.

— Vous l’avez vue aujourd’hui, poursuivit Mylord.

— Aujourd’hui ! répéta Laure, comme un écho.

Peut-être comprenait-elle déjà, car elle chercha son souffle qui la fuyait, et sa paupière pesante descendit au devant de son regard.

Ce ne fut qu’un instant, mais ce fut assez.

Le revolver avait changé de main.

Laure tomba, brutalement terrassée.

La bougie éteinte laissa le corridor dans l’obscurité. Mylord poursuivit :

— Si vous n’aviez pas vu votre fille, je vous aurais