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immortelle, il n’avait qu’une pensée : laisser après lui sa fortune doublée.

Extravagante floraison de l’arbre de prudence !

Le prince Michel Paléologue, pour fonder la plus grande fortune du monde, sans déroger à sa noblesse, avait donné sa petite-fille à un malade, à un fou.

Puis il s’était retourné sur son oreiller, disant : « J’ai accompli ma mission ici-bas, » et refusant de faire l’aumône à un autre enfant qui était aussi sa petite-fille, née en dehors du mariage.

Elle serait curieuse, la monographie de la bâtardise, écrite au point de vue des coups mortels que portèrent en tous temps les rejetons illégitimes à ces grandes races qui vivent par le principe de légitimité.

Nous avons connu Mme la baronne de Vaudré sous bien des noms. Elle en avait un autre encore qui était le véritable : elle s’appelait Laure-Marie Paléologue.

C’était pour elle que le patriarche Ghika avait intercédé auprès du vieux prince Michel, le jour des noces de Domenica Paléologue et de Giammaria de Sampierre.

Ce fut à elle, devenue la maîtresse du charlatan Strozzi, que la pitié tardive du marquis jeta un jour soixante mille francs : Ce dont Strozzi, le charlatan, mourut.

C’était elle que le cadet de Tréglave adorait d’un amour chevaleresque ; elle encore qui avait assassiné l’aîné de Tréglave au désert.

Sa vie, déjà bien longue, était un enchaînement de luttes sans pitié, mais sans peur : et sans remords aussi,