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qu’on peut remplacer par une pinte de rhum. Les « piliers dans Israël » ont de l’amitié pour ce breuvage ; il les porte à la méditation.

Pendant que la casserole chauffait, Hély suspendit une serviette à l’appui de la croisée. Si c’était un signal, soyez sûrs qu’il ne pouvait appeler que les anges.

Il en vint un qui appartenait au train d’artillerie.

La rue Saint-Guillaume, comme on sait, donne par son encoignure sur un passage muni d’une grille et nommé la rue Neuve de l’Université.

En dedans du passage, un fiacre, attelé de deux grands vieux chevaux, stationnait. Il semblait vide, les portières en étaient ouvertes.

Sur le seuil de l’allée voisine, un brave homme en manches de chemise fumait sa pipe paisiblement.

Quand Laure passa, dans sa voiture, elle jeta au fiacre un rapide regard. Elle se dressa même à demi pour plonger de plus haut et put constater que l’une et l’autre banquettes étaient inoccupées.

Évidemment, elle s’était attendue à découvrir quelqu’un dans ce fiacre.

Et, bien qu’elle n’y eût vu personne, ce fiacre continuait de la préoccuper, car elle se retourna plusieurs fois pour le regarder.

Au moment où elle allait quitter le passage pour déboucher dans la rue de l’Université, elle crut voir le cocher rassembler ses chevaux.

Un fiacre est fait pour marcher. Au fond, c’était la chose la plus simple du monde, mais cette belle Laure venait d’un pays où la guerre se fait à la loupe. Dans le