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les angoisses de cette journée l’avaient brisée plus qu’une semaine de fièvre.

En elle tout fléchissait hormis sa volonté implacable.

Les autres étaient tout uniment piteux comme des chiens battus. Le père Preux, essoufflé du grand effort de sa course et baigné par des torrents de sueur, avait néanmoins sa grosse figure toute blême : Mœris et Moffray faisaient compassion.

C’était Mylord qui parlait.

Il faisait de son mieux pour contenir sa voix, qui parfois s’échappait en rauques éclats. Il disait :

— L’enseignement rationnel du docteur Jos. Sharp condamne le meurtre, en thèse générale. Il l’ordonne néanmoins dans deux cas spéciaux : 1o quand on est surpris en flagrant délit ; 2o quand un premier meurtre commis laisse derrière soi des témoins.

Nous étions dans le premier cas à Ville-d’Avray. Nous sommes, depuis lors, dans le second.

À Ville-d’Avray, j’ai tué parce que cette Charlotte connaissait Mme Marion sous son nom de baronne de Vaudré.

J’ai tué par le feu, parce que l’incendie fait la nuit après lui.

Dans les heures qui ont suivi, j’ai continué de tuer, selon le précepte du maître, pour supprimer tous les témoins. Il en est résulté ceci : Mme Marion est morte pour le monde, parce que tous ceux qui étaient dans la maison de Mme Marion sont morts.

— Tous ? fit Laure.