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porte, par où princesse Charlotte allait à la maison de l’aveugle.

L’allumette que Laure avait brûlée sur la pelouse était un signal.

Jabain, fidèle comme l’acier, aida le Poussah à descendre son escalier, ce qu’il fit tristement. Il n’était plus, disait-il, assez ingambe pour aller dans le monde.

Arrivé au bas des marches, le père Preux s’arrêta à la porte de ce qui semblait être la principale chambre du rez-de-chaussée, et commanda à son soldat de l’attendre au dehors.

Nous eussions regardé comme malhonnête d’omettre ce détail, destiné à donner le dernier coup de pinceau au portrait du plus obèse coquin de ce temps-ci.

Quand Jabain eut passé le seuil, le père Preux, qui restait dans l’allée, frappa doucement à la porte. Elle s’ouvrit aussitôt :

— Va bien, monsieur Morfil ? dit-il. Vous n’avez encore rien vu par votre fenêtre ?

— Rien, fut-il répondu à l’intérieur de la chambre qui était sans lumière.

Le Poussah reprit :

— Faites comme chez vous, vous savez. Vous avez une porte sur le derrière. Mettez des hommes sur la place à côté. Je parierais dix contre un que je ne vous ai pas dérangé pour des prunes ! Et vous voyez ! malgré mon infirmité, je sors à cette heure indue pour pousser une reconnaissance. J’ai idée qu’ils sont là, dans le parc. Tenez-vous prêt, je vous ferai signe, et nous les pincerons… Ah ? si j’avais mes jarrets d’autrefois !