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— Madame, dit-il en baissant la voix, ne pouvons-nous savoir ce qui va se passer ?

— Vous allez non-seulement le savoir, mais le voir, répliqua Laure durement.

Elle ajouta :

— Tâchez de rire et soyez galants. Voilà qu’on nous regarde.

Ils étaient dans le vestibule, éclairé à jour et tout fleuri comme une corbeille. Moffray, obéissant, dit en souriant :

— Je réclame mon droit, vous m’avez promis une valse.

— Est-ce que vous sortez déjà, madame la baronne ? demanda-t-on dans la mêlée des entrants.

— Non, répondit Laure, mais j’ai besoin de prendre un peu l’air, et je n’ai pas le courage de traverser les salons pour gagner le parterre.

Elle passa. On se dit :

— C’est vrai que la belle baronne est toute changée.

En franchissant la porte qui donnait sur le jardin, Laure eut un brusque frisson. Elle ramena sa mante d’un geste frileux.

— Vous avez froid ? dit Mœris.

— Oui, murmura-t-elle.

Elle ajouta tout bas :

— Et j’ai peur !

Elle était sans contredit la plus brave des trois. À dater de ce moment, ses deux compagnons furent muets.

Ce bon rôle d’abstention auquel Moffray tenait tant