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toute sa fameuse puissance fluidique, elle pointait vers eux son doigt armé de la bague enchantée, elle travaillait, elle priait, elle mourait. Ses mains la démangeaient… Pour un peu, elle eût arraché toutes ces cravates blanches, dont une au moins cachait l’acte de naissance de son fils bien-aimé.

Car, au fond de tout cela, il y avait un grand, un ardent amour de mère.

Cependant, Mœris et Moffray suivaient de loin le comte Pernola qui allait à son devoir. La marquise avait pu sans danger le charger d’entretenir le Courtenay, car les membres du conseil s’étaient engagés solennellement à garder le silence sur l’événement attendu.

Mœris et Moffray causaient.

— En somme, disait Mœris, que risquons-nous ? Mylord s’est mis en avant ; si l’affaire tourne mal, c’est le numéro 1 qui endosse tout, avec Mme Marion…

Mme Marion est morte, répliqua Moffray.

— Comment cela ?

— On a fait coup double à la maison de Ville-d-Avray : Mme Marion aura disparu dans l’incendie.

— Mais nous l’avons revue !

— Nous avons revu Mme la baronne de Vaudré.

— Et le Poussah, dit Mœris ?

— Le Poussah retombera toujours sur ses gros pieds. Mylord veut tout ; c’est trop. Ce sont ces gourmands-là qui payent pour tout le monde. Nous autres nous n’avons rien dit, rien écrit ni rien fait. Le rôle est bon : gardons-le jusqu’au bout.