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— Si singulier, reprit M. Chanut, que je n’osais pas risquer ma pétition.

Ils étaient debout en face l’un de l’autre. Vous eussiez mis une couronne de rosière sur le front de M. Chanut, tant il avait l’air innocent. Quant à Laure, sa physionomie n’exprimait que l’étonnement frivole d’une femme du monde se heurtant à « quelque chose qui ne se fait pas. »

C’était ici l’apparence. Le vrai, c’est que les deux champions jouaient la belle qui termine régulièrement tout assaut d’armes. Leurs fers croisés se touchaient, se tâtaient et frémissaient.

— Mon cher monsieur Chanut, dit Laure avec bonhomie, je ne suis pas une bien grande dame, et je puis mettre de côté l’étiquette, pour une fois. Je recevrai votre anonyme quand vous voudrez.

— Ce soir ? demanda M. Chanut.

Laure se mit à rire.

— Peste ! fit-elle, vous ne perdez pas de temps ! Ce soir, je ne m’appartiens pas, mais demain…

— Demain donc, madame la baronne, dit Vincent qui passa la porte, et veuillez accepter tous mes remercîments bien sincères.