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toucher des cheveux de princesse Charlotte, sur le champ.

Elle avait mesuré, depuis tantôt, le danger de la terrible partie où Mylord l’avait entraînée.

Elle voulait, autant que possible, séparer son jeu de celui de Mylord, et se ménager tout au moins une porte de derrière.

Domenica, qui était presque pâle, maintenant, ouvrit son coffre à bijoux et y prit un médaillon contenant des cheveux de Charlotte.

Aussitôt que Laure eut dans la main ce médaillon, elle s’écria :

— Je vois… je suis lucide !

— Que voyez-vous, chère belle ? demanda la marquise avec toute sa curiosité facilement réveillée.

Laure fut une longue minute avant de répondre.

— Charlotte est-là, devant moi ! dit-elle enfin. Ce n’est pas la fille de Michela Paléologue, princesse d’Aleix. Il y a imposture.

— Oh ! fit Domenica : niez donc le pouvoir du somnambulisme !… c’est l’exacte vérité, ma chère.

— Elles sont deux, reprit Laure ; je vois aussi Savta.

Puis elle ajouta plus bas :

— Ils sont trois !…

— Qui est l’autre ? demanda la marquise.

— Domenico… car il a la cicatrice.

— Mon fils !… où est-il ?

— Je ne sais. C’est une campagne. Il y a des nuages