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fait dans la chambre voisine, la marquise avait dit : « C’est Charlotte ! »

Les yeux de Laure se détournèrent de la porte comme si elle eût craint d’y voir paraître un fantôme.

Mais ce n’était que Mlle Coralie, qui venait annoncer l’entrée au salon des premiers invités.

Princesse Carlotta n’était pas encore rentrée.

Laure dit, en retrouvant son sourire :

— Chère marquise, ce soir, ne me demandez plus ce que j’ai. Je suis encore toute ébranlée, et j’ai peur d’apporter de la tristesse dans votre fête.

— Pauvre belle ! fit Domenica. Vous ne me quitterez pas, pourtant. Il manquerait quelque chose à mon bonheur si je ne vous avais pas près de moi pour être témoin de ma joie, comme vous avez vu mes larmes.

Laure s’empara de nouveau de ses cheveux et demanda :

— C’est donc pour cette nuit ?

Domenica la regarda tout étonnée.

— C’est vous qui demandez cela ? fit-elle.

Mais, se reprenant aussitôt, elle ajouta :

— J’oublie toujours que vous ne savez rien. C’est si drôle ! On a beau être soi-même une des plus fortes magnétiseuses de Paris, on ne peut pas s’accoutumer à cela ! Dire que vous m’avez tout appris et que vous n’en savez pas le premier mot ! Moi, ça me passe !

— C’est pourtant ainsi, répliqua Laure. Je sais seulement ce que vous venez de me dire, et encore, je ne le comprends pas bien.

— À qui la faute ? Ce matin, quand j’ai voulu vous