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— Monsieur, dit-elle, désespérant de cacher son émotion et tâchant du moins de l’expliquer, j’ai confiance absolue en votre habileté. Cette enfant est ma nièce et vous savez que je suis seule… horriblement seule ! Je mets entre vos mains le dernier espoir de ma vie. Je l’adopterais, elle serait ma fille, et ma reconnaissance ne se bornerait pas à remplir l’engagement que je viens de prendre envers vous.

Chanut s’était levé à son tour et Laure avait fait un pas déjà pour le reconduire vers la porte.

— De mon habileté, répliqua-t-il bonnement, je ne peux rien dire ; je réponds seulement de mon zèle. J’ai envie de vous faire une dernière question, madame la baronne.

— Faites, dit Laure.

Il s’était arrêté en la regardant fixement.

— Ou plutôt, continua-t-il, de vous adresser une humble requête. Vous êtes à même de me rendre un service.

— Parlez.

— Un grand service. Mon client, celui de mes clients qui m’a envoyé vers vous, ambitionne l’honneur de vous être présenté.

— Eh bien ! qu’il vienne, dit Laure en souriant. Est-ce là ce grand service !… Comment l’appelez-vous, le client ?

— Voilà précisément où le bât nous blesse, répliqua Vincent : je n’ai pas mission de vous révéler son nom.

Le sourire de Laure disparut.

— C’est singulier ! dit-elle.