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brettes étonnées, eut passé la porte, Domenica reprit impétueusement :

— J’ai accepté votre offre, chère belle, je ne sais pas si c’est convenable, mais voyez-vous, j’étouffais. C’est certain que j’en serais morte ! Quelle journée ! Ce n’est plus seulement une lettre miraculeuse que nous avons, c’est six lettres : toutes plus miraculeuses les unes que les autres ! Je les ai vues, ma chère ! La propre écriture du vicomte Jean, le pauvre cher garçon !

— Ah !… fit Laure.

— C’est inouï, n’est-ce pas ?… Mais vous avez les mains froides, amour ! Et maintenant que je vous regarde, je vous trouve changée… Souffrez-vous ?

— J’ai éprouvé une très-grande fatigue, répondit Laure, après notre entrevue de ce matin…

— C’est vrai ! c’est vrai ! s’écria la marquise. Égoïste que je suis, j’avais déjà oublié cela ! Une autre fois, je me méfierai de ma puissance. On pourrait faire un malheur, savez-vous ! Et si je vous avais tuée !…

— Parlez-moi des lettres, interrompit Laure. Si c’est Jean de Tréglave qui les a écrites, il serait donc vivant ?

— Mais non… Et, au fait, peut-être !… Alors il n’y aurait plus de miracle. La chose certaine, c’est qu’il ne dit pas dans ses lettres s’il est mort ou vivant… Je suis sotte, n’est-ce pas, chérie ? Mais ma pauvre tête éclate, et mon cœur aussi. Mon fils, je vais voir mon fils… Renflez un peu les nattes à gauche, bonne petite. J’aime à être coiffée sur l’oreille : ça me va bien.