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— Ne vous gênez pas, dit ce dernier : vous pouvez donner audience au bon sujet de papa Preux.

Jabain s’approcha sur un signe de M. Morfil qui demanda :

— Vous avez un mot d’écrit ?

— J’aurais préféré la chose, répondit Jabain en glissant une œillade soupçonneuse du côté de Vincent, mais le patron ne m’en ayant pas communiqué, je ne peux pas vous la remettre en mains propres.

Vincent se leva et s’en alla discrètement jusque sur le pas de la porte.

— Et vite ! fit M. Morfil. Parle !

Jabain se recueillit, puis il dit :

— Voici le textuel de la chose : que ça en vaut la peine et que le patron ne peut vous la couler qu’entre quatre-z-yeux, dans le tuyau de l’oreille, chez lui, n’étant pas portatif à ces heures-ci.

— Il faudrait aller cité Donon, ce soir ?

— Incontinent, oui, c’est son idée.

Quand M. Chanut revint prendre sa place, après le départ de Jabain, la main de M. Morfil tourmentait avec fièvre ses cheveux blancs hérissés.

— Que faire ?… murmura-t-il : mais vous ne savez pas de quoi il s’agit, ami Vincent…

— Si fait, interrompit Chanut. Le Poussah est aussi embarrassé que vous et il veut se garder à carreau. C’est un coquin très-fort et qui joue de l’administration à merveille. À votre place, moi, j’irais.

— Seul ?

— Ah ! mais non !