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— Et comment diable ce capitaine Blunt ne s’est-il pas mis en rapport avec l’administration ? demanda M. Morfil. C’est étonnant !

Chanut remit en botte ses petits papiers et ne répondit pas.

— Défaut de confiance ? insista le joli petit vieux chef qui avait repris toute son importance. On a comme cela des préjugés contre tout ce qui est officiel !

Cette fois, Chanut repartit poliment :

— Capitaine Blunt est un sauvage. Il ne connaît pas bien l’excellence de votre organisation.

— Mon brave garçon, dit M. Morfil en lui tendant la main noblement, personne mieux que moi n’apprécie vos remarquables qualités, mais vous nous avez quittés mécontent, autrefois. Je ne vous blâme pas, notez bien. Je constate seulement qu’il y a en vous un grain d’opposition. Je vous connais, vous êtes tous les mêmes : volontiers vous croiriez que vous m’avez appris quelque chose. Perdez cette illusion, mon cher ; la majeure partie de ce que vous m’avez dit était là…

Il tapa sur son carnet et acheva :

— Le reste est dans mon cabinet : je savais tout !

— C’est quelqu’un pour M. Morfil, dit en ce moment la dame de comptoir ; un militaire.

Nos deux compagnons étaient tellement absorbés par leur entretien que ni l’un ni l’autre n’avait remarqué rentrée de Jabain.

Ils levèrent la tête en même temps, et M. Morfil jeta à Vincent un regard embarrassé.