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En eux, il y a de l’enfant, comme chez les hommes de génie. Rien ne les arrête. La naïveté de leurs combinaisons n’est dépassée que par l’audace convaincue de leur exécution.

Là où le scélérat consommé hésiterait, ils passent.

Là où le vétéran du crime a horreur, ils font leur ouvrage — tranquillement.

Neuf heures et demie sonnant, Mylord prenait sa clé et son bougeoir chez sa concierge, qui avait coutume de dire de lui :« Des chérubins comme ça, on n’en fait plus ! »

Nous n’avons pas encore eu l’occasion de pénétrer dans le logis de Mylord. C’était un cabinet de cent francs par an, situé au dernier étage d’une assez belle maison de la rue Saint-Louis, au Marais. Mylord était dans ses meubles. Ses meubles consistaient en une couchette, trois chaises, une toilette-trépied, une table et une commode à l’un des tiroirs de laquelle on avait ajouté une serrure de sûreté.

Tout cela était fort propre mais de peu de valeur, excepté la serrure.

Sur la table, il y avait une grosse Bible anglaise et un petit volume cartonné portant ce singulier titre : Jos. Sh. abrev., considérations.

Ce titre était écrit à la main. Le livre, également manuscrit ou plutôt chiffré, parlait une langue inconnue, qui eût défié la science même de mon pantoglotte ami M. E. de la Bigne-Villeneuve, bibliothécaire de la ville de Rennes, le seul homme capable de dire Dieu vous bénisse en deux cent vingt-neuf langues, idiomes ou patois divers.