Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’était Donat, dit Mylord qui venait de brûler vives quatre créatures humaines, et qui avait, non pas des remords, mais beaucoup d’inquiétude et de soucis, parce qu’il n’était pas bien sûr d’avoir touché ce Baptiste, en qui il reconnaissait fort bien M. Chanut, et parce qu’il laissait en outre derrière lui Félicité et Cervoyer.

— Je me suis vanté, pensait-il, dans sa contrition d’espèce particulière, j’avais promis de les arranger tous… j’ai trop de présomption pour mon âge. Il faut réparer ma faute dès cette nuit, sans cela comment accuser Mme Marion, plus tard, d’avoir mis elle-même le feu à sa maison ?… Et c’est nécessaire !

Certes, ceux qui voyageaient avec lui auraient eu la chair de poule s’ils avaient pu jeter un regard à l’intérieur de sa pensée, mais jamais monstrueux livre ne fut mieux fermé ni relié plus honnêtement. Ses compagnons de route ne le remarquaient point, ou bien ils se disaient :

— Voici un adolescent bien modeste et qui n’a pas encore brossé le duvet du nid maternel.

Il baissait les yeux, en effet, sous le regard des femmes, et ses deux mains, croisées discrètement, donnaient à son monologue couleur de patenôtres.

Ses sourcils délicats ne se fronçaient même pas sous l’effort de sa réflexion, et pourtant il travaillait terriblement !

Revenir à Ville-d’Avray, cette nuit ! aurait-il le temps ?

Elle était, cette nuit, si chargée ! Outre la grande épreuve du conseil de famille, il fallait prendre à Per-