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Elle se leva sans précipitation et dit d’une voix un peu tremblée (mais ce qu’elle venait d’entendre expliquait du reste son émotion) :

— Excusez-moi, si je vous quitte. Ce que je viens d’apprendre nécessite des mesures immédiates et je vais donner mes ordres. « Je suis à vous dans un instant… »

Elle sortit, et tout de suite après son départ, le bruit de clef qu’on avait entendu du côté du billard se produisit dans la serrure de la salle à manger.

Édouard et Charlotte étaient seuls, car la bonne Savta voyageait en ronflant dans le pays des rêves. Ils ne prirent pas garde à ce bruit.

La nuit venait. La coupole vitrée n’envoyait plus qu’une douteuse lueur.

Dans la salle à manger, de l’autre côté de la porte, Laure avait trouvé Mylord, en bras de chemise, les cheveux en désordre et la sueur au front.

— Qu’est-ce que cela ? demanda-t-elle en voyant tout contre le seuil un amoncellement de bois et de branches sèches.

— Ce n’est rien, répondit Mylord qui l’entraîna dans la pièce voisine. Vous avez une minute pour faire votre rapport.

Et comme elle voulait interroger de nouveau, il lui serra le bras si brutalement qu’elle étouffa un cri de souffrance.

— Parlez ! ordonna-t-il : je suis le maître !

Laure obéit. Quand elle eut achevé, Mylord se pressa les tempes à deux mains.