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— Madame, prononça-t-elle à voix basse, nous ne vous jugeons point. Les raisons que vous devez avoir pour cacher votre nom sont bonnes, je le suppose, mais ce secret vous appartient et n’appartient qu’à vous. Nous ne serions pas venus, je vous supplie de le croire sans une absolue nécessité…

Comme elle s’arrêtait, prise d’hésitation, Laure s’assit sur le canapé, auprès de Savta et demanda :

— Qu’y a-t-il donc, princesse ? Voilà que vous m’effrayez !

Elle ajouta en adressant un sourire oblique à la gouvernante :

— Il n’y a que vous ici, chère bonne dame Savta, pour vous contenter d’un seul nom.

— Si vous savez le mien, le vrai ! s’écria Charlotte vivement, je vous prie en grâce de me le dire !

Le sourire de Laure devint doux et bon.

— Vous êtes destinée à m’aimer, chère enfant, murmura-t-elle… Est-ce que, vous aussi, vous avez eu défiance de moi, Édouard ?

— Non, répondit celui-ci. Depuis ce matin, je vis dans un rêve. Il n’y a qu’une chose qui soit claire pour moi : ma vie entière appartient à celle-ci, quel que soit son nom.

Il regardait Charlotte avec tout son cœur.

Pour la seconde fois, Laure lui tendit la main.

Puis elle reprit en s’adressant à Mlle d’Aleix :

— Je crois deviner le motif de votre visite. Vous veniez me parler de Pernola et de M. le marquis de Sampierre ?