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— C’est peut-être l’instrument qu’il nous faut, murmura-t-elle.

— Bigre ! bigre ! fit le Poussah, vous avez donc de bien rudes besognes !

— Il faut aviser, répliqua Laure. Tout à l’heure, je songeais à prendre la poste pour le Hâvre…

— Et le paquebot d’Amérique ? Bigre, bigre ! moi, je ne suis pas taillé pour les voyages, amour.

La porte s’ouvrit en ce moment, et Mlle Félicité montra sa figure futée.

— C’est une visite, dit-elle, une grande ; j’ai répondu que madame n’était pas à la maison, mais la princesse a insisté.

— La princesse ! répéta Laure. Quelle princesse ?

— La princesse Charlotte d’Aleix.

Ce nom prononcé fit un grand silence dans le salon.

Mœris et Moffray avaient repris leurs sièges.

Le Poussah, inquiet, eut recours à son verre.

Au contraire, une expression de triomphe, vivement réprimée, vint sur le visage de Mylord.

Laure, en ce premier instant, avait perdu son sang-froid complètement.

— Et c’est Mme Marion que la princesse a demandée ? fit-elle d’une voix qui balbutiait.

— Je ne connais pas d’autre nom à madame, riposta Mlle Félicité. Est-ce que madame en a plusieurs ?

Laure sentit la morsure et se redressa.

— Jouez serré ! murmura le père Preux derrière elle. Vous savez ? ça brûle !