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Toute l’effrayante colère de Mylord tomba comme par enchantement. Il recula d’un pas et jeta à Laure un regard plein de soumission timide en répondant :

— Je suis encore bien jeune et sujet à commettre des imprudences. Vous avez raison, madame, je n’ai pas tué mon père. C’était pour me vanter. On ne peut pas avoir tué un vivant, et mon père est vivant… Ah ! Jos. Sharp m’aurait puni sévèrement pour cette maladresse !… Je mangerai du pain sec et je boirai de l’eau pendant trois jours…

Il riait un rire enfantin, mais qui donnait la chair de poule.

— Trois jours ! huit jours ! Écoutez ! Vous savez si j’ai de la religion ! Voulez-vous que je vous fasse un serment sur la sainte Bible ? le serment de partager avec vous… et de faire tout l’ouvrage ! Les deux Blunt, je me charge d’eux. Ce Vincent Chanut, je me charge de lui… Et du comte Pernola et de la jeune princesse… et de tous, je l’ai dit : de tous !… Le docteur Jos. Sharp répugnait à verser le sang ; moi aussi. Le docteur Jos. Sharp enseignait : « Ne tuez pas pour moins de quatre mille livres. » Cela fait cent mille francs en argent d’ici. Combien y a-t-il de fois cent mille francs dans l’héritage de Sampierre ? Il y a cent fois, mille fois cent mille francs, n’est-ce pas ? Et plus ! Il est permis de tuer mille hommes !

Il étendit la main et poursuivit avec un sauvage enthousiasme :

— La sainte Bible n’est pas là, mais Dieu, notre Sei-