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— Nous serons si heureux ensemble ! Moi, je n’ai pas de besoins ; je vis de rien. Donnez-moi tout, je vous le rendrai. Mes mœurs sont pures. Je ne connais pas le péché…

Il s’arrêta, regarda à la ronde et dit tout bas :

— Dieu me damne ?… ne riez plus ! je ne veux plus qu’on rie !

Sa tête s’était rejetée en arrière convulsivement et tout son corps tremblait avec violence.

— Il devient enragé ! dit Mœris non sans inquiétude.

Moffray retira de sa poche sa main qui tenait un pistolet tout armé. Le Poussah murmura :

— Méfiance ! c’est un tigre !

Il n’avait pas achevé que Moffray terrassé roulait sur le tapis. Son pistolet était dans les mains de Mylord qui le lança par la fenêtre.

Vous ne l’auriez pas reconnu. Sa figure était terrible à voir. Son regard rouge choqua celui de Mœris qui se réfugia derrière la table.

— Je n’ai pas besoin d’arme, prononça-t-il entre ses dents serrées. Je ne suis pas méchant, mais je veux mon bien. Ne me résistez pas : j’ai tué mon père !

Le fauteuil du Poussah sauta sur le parquet. Laure dit froidement :

— Alors, vous ne pouvez pas être Domenico de Sampierre.

Mylord leva la main sur elle ; elle se croisa les bras et ajouta :

— M. le marquis de Sampierre n’est pas mort.