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si difficile à déchiffrer, la puissance surnaturelle dont la pauvre Domenica s’était crue investie et ses velléités de despotisme.

Tout cela fut exposé avec une clarté merveilleuse, et le père Preux disait de temps en temps dans son verre :

— Quel talent ! Mais vous savez ? elle parle pour les tribunes !

Le fait est que Mme Marion, ou plutôt la belle baronne Laure de Vaudré (car dans le récit de la « consultation » elle avait arraché son masque pour tout le monde), le fait est que la belle Laure élevait de temps en temps la voix comme si elle eût souhaité d’être entendue à travers les cloisons.

Notre siècle, souvenez-vous de cela, a inventé la fusion à outrance, chimie nouvelle. On fusionne entre chien et loup, entre chat et rat, entre plaie et couteau. Cicéron, de nos jours, allumerait son cigare au brûle-gueule de Catilina… Vincent Chanut, invisible, devenait par le fait, tout doucement, le membre le plus important du conciliabule. On lui faisait des coquetteries.

La belle Laure glissa sur la scène du boudoir, où Mylord-Endymion lui avait montré son acte de naissance. Elle détailla au contraire, avec une évidente complaisance, la visite de M. Chanut, dont elle termina ainsi le récit :

— C’est l’homme le plus adroit que j’aie rencontré jamais ! Mon vieil ami M. Preux sait à quel point je suis désireuse de retrouver la fille de ma sœur…