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nuit ou jamais, car demain, les millions seront envolés. »

Le père Preux lut par deux fois ce laconique bulletin, puis il emplit sa chope d’un air songeur.

— Eh bien ! fit Mme Marion.

— C’est comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, ma poule, répliqua le père Preux. Voici la réponse à votre question. La petite princesse d’Aleix, qui est de mes clientes…

— Comment ! celle-là aussi ! C’est donc vrai !

— … À l’obligeance de me prévenir, continua le Poussah, que mon futur hôtel, mes terrains et tout l’espoir enfin du nouveau Quartier-Preux naviguent vers de lointains rivages dans la poche du Pernola, déjà nommé, — lequel bandit, après avoir vidé le marquis de Sampierre, nous engage à nous occuper de ce pauvre homme.

— Et quel intérêt a-t-il à cela maintenant ?

— En Italie, répondit le Poussah, ils ont de la capacité. Entre scélérats, ils se jouent des tours très-cocasses. On fourre dans la tête d’un collègue, n’est-ce pas, l’idée d’enlever un millionnaire à qui, préalablement, on a servi à souper…

Le Poussah cligna de l’œil. Autour de lui les figures n’exprimaient plus la curiosité, mais bien l’étonnement que cause à un public d’amateurs un tour de force crânement exécuté. Tout le monde était déjà fixé. Mylord dit :

— Le truc est bon ! Jos. Sharp ne l’a pas dans son registre.

— Chaque pays a ses dragées, fit observer paisible-