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Laure s’arrêta, M.  Chanut salua :

— Ma sœur était bien plus parisienne que moi, reprit Laure, c’est peut-être elle qui m’avait parlé de vous dans le temps.

— Dois-je comprendre, dit Vincent, que Mme  la baronne est seulement la sœur de Laura-Maria ?

— Seulement ! répéta Laure avec un soupir, n’est-ce pas assez ?… Il n’en faut pas davantage pour gâter une existence, monsieur Chanut… mais nous allons revenir à tout cela. Veuillez m’apprendre le motif de votre visite.

— Volontiers… J’ai mes notes.

M.  Chanut mania ses papiers comme un jeu de cartes et dit :

— C’est un simple renseignement et qui ne vous prendra pas une minute. Voici la note. Je suis chargé de vous demander… mais si vous n’êtes pas Laura-Maria, je suppose que ma démarche va rester sans résultat. Enfin, n’importe. Je suis chargé de vous demander si vous connaissez ou si vous avez les moyens de connaître le sort final du nommé Arregui (Antonio-Jose), mexicain de naissance, âgé de quarante-cinq ans environ, taille un mètre quatre-vingts centimètres, brun, cicatrice légère au-dessus de l’œil droit ; parti de New-York pour France en octobre 1806 avec l’intention hautement exprimée de rejoindre à Paris une dame qu’il désignait (peut-être indûment) sous les noms de Maria Strozzi et aussi Laura-Maria et dont (je parle dudit Arregui) on n’a pas eu de nouvelles depuis le 21 avril 1867, présente année.