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sur les bords de l’Océan Pacifique, j’acquis cette certitude que le cadet de Sampierre vivait.

Puis je le perdis de vue.

Puis encore j’eus connaissance du décès de son frère aîné, à Paris : de là mon plan.

Je revins en France. J’ignorais que d’autres avaient combiné un plan tout pareil au mien. Je me rapprochai de Mme la marquise et n’ai pas peu contribué à développer en elle le germe de cette passion qui a couleur d’extravagance et qui la pousse à chercher un enfant, mort-né en quelque sorte, et disparu depuis vingt ans. Vous savez les sommes considérables que Mme la marquise a prodiguées déjà pour l’accomplissement de cette œuvre.

Je laissais faire et je suivais mon plan. Les autres pouvaient courir ; je savais que j’arriverais au but la première. Pour cela, il fallait inventer de toutes pièces le personnage que je continuerai d’appeler, s’il vous plaît le numéro 1, et qui n’a rien de commun avec celui de la Cour d’assises.

Ce personnage devait réunir certaines conditions indispensables d’âge, de figure et de tournure. Il fallait qu’il eût habité l’Amérique…

— Et qu’il eût de vagues souvenirs, n’est-ce pas, intercala le père Preux, comme le Georges Brown de la Dame Blanche… « Chantez (bis) refrain d’amour et de guerre… »

— Vous vous trompez, répliqua sérieusement Mme Marion. Fiez-vous à moi ; je suis ferrée sur les matières de l’examen. Les deux frères de Tréglave, gardiens du