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— Madame, je vous prie de remarquer que je suis dépourvu de tout caractère officiel. Je gagne mon pain en dehors de l’administration, et, je puis le dire, sous l’œil très-sévèrement ouvert de l’administration. Je n’interroge pas, je m’informe. La bonne volonté seule me répond. J’ajoute que me voici tout porté pour prendre vos ordres, au cas où il vous conviendrait de m’accorder votre confiance. Comme je ne venais pas ici en adversaire, rien ne me défend (du moins, jusqu’à plus ample informé) de prendre en main vos intérêts. Je tiens boutique.

Laure tournait et retournait la carte entre ses doigts.

— Qui va commencer ? demanda-t-elle tout à coup.

— Vous, si vous voulez ; moi, si vous le désirez, répliqua M.  Chanut : À votre volonté.

Laure hésita pendant le quart d’une minute.

— Il y a ici, dit-elle, en chiffonnant le carton qu’elle tenait à la main, une chose très-extraordinaire : « De la part du vicomte Jean de Tréglave. » Ma croyance est que le vicomte Jean est mort.

— Un mort peut laisser des instructions, répartit Vincent, et alors le mandataire du mort parle régulièrement en son nom.

— Êtes-vous donc le mandataire de feu le vicomte Jean ?

— Non, madame.

— Pouvez-vous me nommer votre mandant ?

M.  Chanut salua, et répondit :

— Envers nos clients, madame la baronne, le premier de tous nos devoirs est la discrétion.