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vous a fallu des aides. Au lieu de choisir, vous avez trouvé un équipage d’occasion, et vous lui avez dit : Embarque ! Il n’y a pas à revenir là-dessus ; ce qui est fait est fait ; seulement, il faut des chefs à ces lascars, et nous en trouverons. À quelle heure l’ancien inspecteur Chanut vous a-t-il rendu sa visite d’amitié ?

Pour la première fois, le visage de Mylord s’anima. Il regarda Mme Marion qui n’essayait même pas de cacher sa surprise.

— Vous savez déjà que celui-là est venu me voir ! fit-elle.

— Je savais d’avance qu’il viendrait, répliqua le père Preux.

— Et savez-vous aussi de quelle part il est venu ?

Le Poussah s’inclina d’un air espiègle.

— C’est le grand Derby, dit-il en secouant les cendres de sa pipe sur le tapis sans cérémonie : nous sommes beaucoup à courir. Quelquefois, on peut s’arranger entre écuries. Il y a une petite demoiselle qui est aussi jolie que vous l’étiez voici vingt ans, Laura, ma chère ; elle est ma cliente. Elle m’a fait, ce matin, une infidélité pour le Vincent, et vous comprenez bien que le Vincent et moi nous avons un œil l’un chez l’autre. C’est un garçon pas bête, quoiqu’on lui ait surfait sa réputation. Il travaille en ce moment pour un Américain qui se fait appeler capitaine Blunt ; je le connais. L’Américain a un fils du nom d’Édouard ; je le connais. Le fils Édouard est très-bien avec ma petite demoiselle qui a nom Charlotte princesse d’Aleix. Bonne écurie, celle-là, et bien menée. Chanut, qui la dirige, n’est pas riche : quelqu’un