Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pressement que vous avez bien voulu mettre à répondre à mon appel. C’est ce matin seulement que je vous ai écrit…

— Permettez, interrompit Chanut, je n’ai pas eu l’honneur de recevoir votre lettre.

Laure examina de nouveau la carte et laissa paraître une nuance d’embarras sur son visage.

— Les deux noms qui sont là, murmura-t-elle : Laura-Maria et Tréglave, se trouvaient également dans ma lettre ; cela m’a fait croire que vous étiez le célèbre M. Chanut.

On peut trouver des gens qui ne boivent jamais entre leurs repas, il y en a même encore quelques-uns pour résister à la contagion du cigare, mais je n’ai jamais rencontré celui qui refuse un petit verre de gloire. Vincent eut un sourire entre cuir et chair.

— Bien pauvre célébrité, madame la baronne, répondit-il, mais enfin, telle qu’elle est, je ne puis la renier : Je suis l’ancien inspecteur Chanut, et si je n’ai pas écrit mon nom tout entier sur ma carte, c’est que, généralement, la célébrité dont nous parlons ici, ferme pour moi plus de portes qu’elle n’en ouvre. Quant aux deux autres noms, Laura-Maria et Tréglave, en les inscrivant sur ma carte, je n’ai fait qu’obéir aux ordres exprès de mon client.

— Celui qui vous envoie vers moi ?

— Oui, madame la baronne.

— Alors, monsieur Chanut, au lieu de vous interroger comme je l’espérais, c’est moi qui vais subir un interrogatoire ?