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deviennent gloutons sous le protectorat prussien.

Savta fut éveillée par Mlle d’Aleix, qui la pria de l’accompagner.

— Encore ! dit-elle. Princesse, vous ne me laisserez donc pas un instant de repos aujourd’hui !

Brave femme au fond, elle demanda un potage et quelques tranches de pâté avec un blanc de volaille, le dessert et le café : après quoi elle se déclara résignée à partir.

Mlle d’Aleix, comme le matin, la fit quitter l’hôtel à pied.

Au coin de la rue du Bac, devant les Missions Étrangères, une voiture fermée, attelée de deux forts chevaux, attendait. Savta, déjà en nage, jeta sur ce véhicule un regard de convoitise.

— C’est pour nous, dit Charlotte, mais nous n’y serons pas seules.

La portière s’ouvrit et montra Édouard Blunt.

— Le blessé de la Chaussée des Minimes ! fit Savta, qui recula scandalisée : il est donc guéri ?

— Regardez-le bien, dit Mlle d’Aleix.

Savta regarda.

— Et saluez votre jeune maître, ajouta Charlotte : celui-là est le comte Domenico de Sampierre, prince Paléologue.

Savta salua de confiance, mais l’idée lui vint qu’elle accomplissait peut-être une troisième sieste, embellie par un rêve.

Elle n’eut pas le temps de se pincer pour voir si elle était bien éveillée. Sur l’ordre de Charlotte, elle monta dans la voiture qui s’ébranla aussitôt et partit au galop.