Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui appartiens… Or, c’est mon élève, après tout, et je lui ai donné un peu de mon savoir.

Il se leva tout à coup et alla vers sa malle dont il souleva le couvercle. Édouard dit à Charlotte :

— Qu’espérez vous de ce pauvre malheureux ?

Mlle d’Aleix avait la tête baissée.

— Je vous ai empêché d’aller chez cette femme de Ville-d’Avray, murmura-t-elle : il y a là un grand danger, je le sais, mais le danger n’est que pour vous… moi, si j’y allais, je n’aurais rien à craindre de Mme Marion.

— Est-ce que vous songeriez ?… s’écria Édouard.

— Patience ! fit de loin le marquis, ce sont des choses singulières et que je puis seul expliquer… je reviens.

Charlotte mit un doigt sur sa bouche et dit en se penchant à l’oreille d’Édouard :

— Si nous échouons ici, je ne peux me résoudre à vous quitter : nous irons ensemble et ce sera la dernière ressource.

M. de Sampierre avait retiré de sa malle une trousse en cuir noir semblable à celles que portent les chirurgiens. Comme Mlle d’Aleix venait à sa rencontre, il montra son portrait et frappa sur la trousse en disant :

— C’est celle que vous voyez là. Je l’ai depuis vingt ans.

En effet, la trousse était reproduite dans le portrait avec une minutieuse exactitude.

— Voulez-vous, oui ou non, demanda la jeune fille, que nous parlions de la menace qui est sur vous ?