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— Princesse, je vous crois, interrompit le marquis à son tour. Mon fils ne doit pas avoir de secrets pour vous qui possédez successivement la confiance de tous les héritiers de Sampierre.

Le mot fut dit bonnement et n’en tomba que plus cruel.

Charlotte croisa ses bras sur sa poitrine. Une larme de honte lui vint aux yeux.

— Vous devez être mon père, monsieur, dit tout bas Édouard, sans cela rien au monde ne m’eût empêché de punir cette parole !

Le marquis avait toujours aux lèvres son sourire matois. Il s’inclina cérémonieusement et dit :

— Voici ce que j’appelle un argument de gentilhomme ! Il y a du temps que je ne vais plus au théâtre, mais c’est déclamé supérieurement… Allons, bravo !

Il tourna sur ses talons et fit les cent pas dans la chambre avec une apparente tranquillité.

Édouard soutenait Mlle d’Aleix entre ses bras.

Au bout d’une minute, tout au plus, M. de Sampierre revint à eux et demanda le plus simplement du monde :

— Au fait, mon fils et ma nièce, que me voulez-vous tous les deux ?

Ce fut encore Mlle d’Aleix qui répondit :

— Nous voulons vous défendre, et nous ne voulons pas autre chose.

M. de Sampierre, qui était maintenant placé comme au début de l’entrevue, sous le quatrième portrait, rabattit le voile noir d’un geste insouciant.