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cachent sous vos paroles. Je vous en prie, répondez-moi : reconnaissez-vous votre fils ?

M. de Sampierre lui sourit avec douceur.

— Comme vous voilà devenue charmante, petite Carlotta ! prononça-t-il d’un ton de sincère admiration. J’avais une haute estime pour ma cousine Michela Paléologue, princesse d’Aleix. Elle assistait à mon mariage. Domenica, en ce temps-là, était encore plus belle que vous… Certes, certes, princesse, je reconnais mon fils. Il est frappant ! Il a tout-à-fait le même air de tête que mon pauvre Roland. Donnez-moi votre main, Domenico de Sampierre. Vous êtes un comte, mon ami, et un prince aussi, et vous êtes plus riche que le roi.

La main d’Édouard tremblait un peu. Le marquis la secoua lentement.

— Vous tremblez très-bien l’émotion, poursuivit-il avec une nuance de bienveillante raillerie, et je vous trouve fort beau garçon.

Le rouge montait aux joues d’Édouard. Charlotte était pâle de colère.

— Mon fils, reprit M. de Sampierre, vous avez pour père un fou. Je pense que vous savez cela ? Mais un fou qui connaît les affaires. Un savant tel que moi, jeune homme, je vous le répète, est difficile à induire en erreur…

— Monsieur, interrompit Charlotte qui passa devant Édouard pour l’empêcher de répondre, mon cousin ne vient à vous ni pour votre fortune ni pour votre noblesse, sachez tout d’abord cela…