La chambre était éclairée assez vivement.
L’idée de la porte secrète ne vint pas au marquis en ce premier instant.
Ce couple immobile dont les profils se dessinaient pour lui à contre-jour le frappa comme une apparition.
Il recula de plusieurs pas, et son dos rencontrant la table, il tâtonna pour y chercher derrière lui le revolver.
— Je suis armé ! balbutia-t-il ; qui êtes-vous ? D’où sortez-vous ? je vendrai chèrement ma vie.
— C’est moi, mon oncle, dit alors Mlle d’Aleix de sa voix la plus douce.
— Ah ! fit M. de Sampierre sans lâcher le pistolet qu’il venait de trouver, je vous salue, princesse ; vous avez beaucoup grandi, ma chère fille, et embelli. Le temps passe vite… et, cependant, comme il est lent !
Il regarda tout autour de lui et ajouta :
— Vous êtes seuls tous deux ?
Puis avec un sourire contraint :
— Venez m’embrasser, Carlotta, le jour est mauvais ici, je ne vous avais pas reconnue.
Édouard croyait rêver. Son regard restait cloué à la toile où un jeu de lumière mettait la blessure à vif.
Après avoir embrassé Charlotte au front, M. de Sampierre reprit avec tout son calme revenu :
— Et celui-ci est Domenico de Sampierre, n’est-ce pas ? Bonjour, mon fils ; on m’avait annoncé votre visite.