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M. de Sampierre et son dévoué cousin restèrent seuls.

La prédiction de Mlle d’Aleix ne se réalisa pas tout d’abord. Les paroles prononcées arrivaient, il est vrai, distinctes, à l’oreille des deux écouteurs, mais ces paroles, tantôt insignifiantes, tantôt obscures comme des énigmes, ne disaient rien à l’intelligence d’Édouard Blunt.

Il en fut ainsi jusqu’au moment où M. de Sampierre ordonna de fermer les persiennes. Pernola ayant alors annoncé la voiture de la marquise, Charlotte rouvrit la seconde porte précipitamment et entraîna Édouard vers une fenêtre du corridor, d’où il put voir le visage de sa mère. Charlotte guettait son impression, il rougit légèrement.

— Elle a l’air bon, dit-il, comme il avait fait pour le marquis.

Mais il ajouta cette fois :

— Je l’aimerai.

Quand ils rentrèrent dans l’entre-deux des portes, c’était Pernola qui parlait. Mlle d’Aleix passa la première et se mit aux écoutes sans vergogne. Au bout de quelques minutes, les voix baissèrent tout à coup leur diapason.

— Avez-vous compris ? demanda Charlotte sans se retourner.

On ne répondit point. Elle jeta un regard en arrière ; Édouard n’était plus là.

Aux premiers pas qu’elle fit hors de l’entre-deux, elle le vit immobile, appuyé contre la fenêtre du corridor.