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— C’est aujourd’hui que je vais faire leur connaissance.

Il consulta sa montre qui marquait cinq minutes après une heure.

— Je suis en retard, dit-il en faisant un pas vers la porte.

— Arrêtez ! cria Charlotte. Au nom de Dieu ne me quittez pas !

Et par une inspiration soudaine, elle ajouta au hasard :

— Édouard, je vous en prie… ce n’est pas votre vie que vous jouez, c’est la mienne !

Il se retourna, elle lui jeta ses deux bras autour du cou en murmurant :

— J’ai peur. J’ai été imprudente parce que vous m’aviez promis d’être mon défenseur. Je comptais que vous ne m’abandonneriez pas quand j’ai déclaré la guerre. Pernola m’a menacée ; vais-je rester seule en face du danger ?

— Pernola est absent… voulut objecter Édouard.

Un bruit de roues se fit dans la grande allée.

Charlotte s’élança vers la fenêtre et recula, échangeant sa feinte épouvante contre un effroi réel.

À travers les troncs d’arbres, elle venait d’apercevoir ce singulier cortège qui ressemblait à un convoi funèbre : Giambattista en avant, la tête découverte, et la berline marchant au pas entre Lorenzin et Zonza.

— Le voilà ! dit-elle en revenant vers Édouard, et je crois qu’il ramène un mort !

Toute tremblante qu’elle était, elle entraîna Édouard