Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le plus chaud partisan. Domenica rêvait des fêtes de mariage comme Paris n’en avait jamais vu. Elle me reprochait d’être froide…

Une angoisse me serrait le cœur. Roland n’était plus maître de notre secret. Je tremblais.

À l’heure ordinaire, je pénétrai dans sa chambre. Je le trouvai radieux. La jeunesse était revenue sur son visage. C’était une résurrection. Il m’appelait sa fiancée, sa femme, et comme je voulais lui faire des reproches sur son indiscrétion, il me répondait en dévorant mes mains de baisers : « tu seras là toujours, toujours, et je défie bien à la mort de venir désormais ! »

C’est à son père que Roland avait dit notre secret : je n’ai jamais su en quels termes. Ma conviction est qu’il mourut de cela.

Je sortis de sa chambre la poitrine oppressée.

Jamais plus je ne devais y rentrer, du moins par la même voie.

Le lendemain, vers midi, le bruit se répandit que le jeune comte était plus malade. Pernola se tordait les bras. On fit repartir M. de Sampierre.

Le docteur Leoffanti déclara qu’on avait porté un coup funeste à son client. Il l’avait annoncé d’avance : toute émotion pouvait être mortelle.

On me fit défense d’entrer.

Je me croyais sûre d’apprendre au moins ce qui s’était passé, mais la nuit suivante, au moment où j’allais ouvrir la porte masquée, j’entendis qu’on parlait dans la chambre de mon cousin.

Ils étaient là, tous les trois et tout près de moi, de