Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais le danger est donc bien terrible et bien pressant ! fit Mme Chanut, qui perdait tout à fait son sang-froid. Si je savais où prendre mon Vincent ! Quelquefois il touche barre ici au moment du déjeuner ; mais l’heure est passée… Écoutez !

Elle se leva, leste comme une jeune fille, et prêta l’oreille.

— Entendez-vous ? fit-elle.

Charlotte écouta, mais en vain. Mme Chanut traversa la chambre en courant, et en disant :

— Moi je le reconnais dès le bas de l’escalier !

Elle passa dans la pièce voisine en criant :

— Vincent ! arrive ! on t’attend !

Savta fut éveillée à demi par ce mouvement et ce bruit. Quand on troublait son sommeil du matin, elle ronflait. Elle ronfla.

— Quand même ce serait l’empereur ou le pape, répondit M. Chanut de l’autre côté de la porte, qu’il repasse ! je n’ai pas une seconde à moi ! Mais, presque au même instant, la vieille dame le poussa dans la chambre, disant :

— Ce n’est ni le pape ni l’empereur ! regarde !

Mlle d’Aleix ? s’écria Chanut qui marcha vers Charlotte avec empressement. Je sors justement de chez vous. Marquons un point : voilà de la bonne chance !

Il tira de sa poche une poignée de papiers parmi lesquels il choisit une très-petite note qu’il garda à la main après l’avoir consultée.

Charlotte l’examinait de toute la puissance son regard.