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servir, mais dans une association il ne peut y avoir deux maîtres.

— C’est clair : je suis le maître.

— Je crois plutôt que vous êtes un employé congédié. Vous ne faites plus partie de l’association, Donat.

— Passez-vous donc de moi ! s’écria Mylord. Je vous en défie !

— Nous essayerons, dit la baronne.

En même temps, elle voulut se lever, mais les doigts de Mylord s’étaient refermés sur son poignet. Leurs yeux se heurtèrent. Laure l’examinait curieusement. Elle était brave. À la première lueur de menace qui s’alluma ans la prunelle de Mylord, elle dit froidement :

— Connaissez-vous M.  Chanut ?

Les paupières de Mylord eurent un frémissement.

— Moi, je le connais très-peu, poursuivit Laure. C’est aujourd’hui sa première visite. Il m’attend de l’autre côté de cette porte, et vous m’excuserez si j’abrège notre entrevue.

Mylord lâcha son poignet. Laure reprit :

— Je ne voudrais pas le faire attendre : c’est un homme à ménager. Vous savez, je ne vous en veux pas du tout pour votre manque de galanterie, ajouta-t-elle en agitant sa main qui portait une légère trace de pression. Le respectable docteur Jos. Sharp n’a pu vous enseigner les usages du monde parisien qu’il ne connaissait pas. Je vous pardonne aussi l’accident arrivé à mon vase et l’indiscrète curiosité qui l’a produit. Quand je vous ai ouvert ma porte, je savais bien que je n’introduisais pas chez moi un modèle de délicatesse…