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Carlotta. J’ai bien fait ! La pauvre main pâle de Roland me montrait le panneau, à gauche de l’alcôve, et il me disait : « Elle vient par là. »

Il traversa la chambre sur la pointe des pieds, et comme s’il eût craint l’espionnage de quelque surveillant invisible. Du premier coup, guidé par son souvenir, éveillé vivement, il porta la main à l’endroit exact que le geste du jeune comte Roland lui avait désigné sans doute autrefois.

C’était le cœur d’une rose appartenant à la guirlande de fleurs sculptées qui décorait la boiserie.

Le cœur de la rose céda sous la pression, et une étroite portion du panneau, placée immédiatement sous le portrait, qui avait un voile, roula sans bruit, montrant un couloir obscur par où souffla une bouffée d’air froid renfermé.

M. de Sampierre eut un sourire à l’adresse de Pernola absent.

— Cousin, dit-il, voilà un tour que vous ne connaissez pas ! Je suis libre !

— J’ai peut-être tort, se reprit-il soudain en refermant le panneau, Battista est un bon parent. J’ai été à sa merci bien des fois… Oui, mais il n’avait pas une fortune dans sa poche : ma fortune ! Combien de millions lui vaudrait mon enterrement ? Ah ! si j’avais mon fils !…

Sa tête tomba sur sa poitrine. Il se remit à marcher de long en large, lentement d’abord, puis à grands pas.