Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Arrivons donc au principal. Je suppose que la bande des Cinq, ou même toutes les compagnies de chercheurs d’or, rapprochées par l’intérêt commun, donnent l’assaut à notre citadelle. Domenica, heureuse d’être trompée, ouvre les portes et se pâme dans les bras de quelque jeune coquin, muni de la fameuse cicatrice, les Burgraves du conseil de famille crient au miracle : bref, l’ennemi est au cœur de la place… et c’est ce qui va arriver au plus tard demain, peut-être cette nuit même. Eh bien, grâce à notre manœuvre, les domaines danubiens sont sauvés, car je défie bien qu’on les vende ainsi grevés pour dix ans ! D’un autre côté, la caisse courante est à peu près vide, il y a même des dettes : tout est donc au mieux. Quant aux domaines de Sampierre…

— Ah ! fit le marquis. C’est la plus belle part !

— Bien entendu, votre position vous interdit de les aliéner ? C’est une question que je vous adresse.

— Absolument, oui.

— D’ailleurs, le temps nous manquerait.

— Il n’y aurait qu’une cession antidatée… murmura le marquis avec hésitation et après un silence.

— Voyez, dit Pernola, ce que c’est que de connaître la loi !

— Mon droit…

— Oui, il excuse tout ! Mais les voies et moyens ?

— Très-simples. Un contrat ordinaire, tout uniment, avec la précaution de placer l’antidate à distance convenable du jour de l’interdiction.