Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comme il vous était interdit de posséder personnellement… voulut ajouter le comte.

— Pas un mot ! interrompit M. de Sampierre : J’ai compris votre cœur.

Alors, Pernola demanda d’un air candide :

— Tout cela est-il régulier au point de vue de la loi ?

— Nous passerons la Manche, répliqua évasivement le marquis. Au fond, je suis le maître légitime de cet argent. Mon droit moral excuse tout.

— Et il ne s’agit que de gagner du temps, appuya Pernola. Dans quelques mois, vous aurez recouvré la disposition régulière de vos biens. Tout ce que nous en faisons est pour déménager la maison avant l’arrivée des pillards.

— C’est cela ! s’écria M. de Sampierre, en se frottant les mains ; c’est exactement cela ! Des bandits n’auront que le coffre vide !

— Et permettez-moi, reprit le comte, de vous expliquer, en deux mots, mes agissements comme intendant. Si je n’ai point porté remède aux ravages opérés par la domesticité de Sampierre, c’est qu’il fallait un grand désordre et une fuite d’argent considérable pour motiver la mise en gage des revenus personnels de la princesse-marquise, et les sommes provenant de cette mise en gage m’ont permis de cacher à ma noble cousine la capitalisation des revenus de Sicile et d’Italie qui sont maintenant votre force et votre sécurité : c’est ce qu’on nomme un virement dans les ministères…

— Mon droit excuse tout ! répéta le marquis. Vous avez bien agi !