Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lysa sa vie d’aventures et de crimes, et laissa entendre que Mme la baronne, outre la passion du pillage, avait d’autres raisons encore pour s’attaquer à l’héritage du vieux Michel Paléologue. Mieux que des raisons : presque des droits.

Une chose singulière, c’est que Pernola, laissant de côté le no 4, Donat, dit Mylord, comme un comparse, passa de Laure de Vaudré à la princesse Charlotte, sans transition. Il établit ainsi une sorte de lien entre Laure, l’aventurière émérite, et la noble jeune fille qui tenait de si près à Domenica Paléologue.

Assurément, selon Pernola, princesse Charlotte ne faisait point partie de l’association des Cinq, mais elle appartenait, par son amour effrontément avoué pour l’Américain Édouard Blunt (un des chevaliers de la Cicatrice) à une autre compagnie aurifère, qui comptait dans ses rangs l’ex-agent de police Chanut, celui-là même qui avait été mêlé, en 1847, à l’instruction de l’affaire de l’hôtel Paléologue.

M. de Sampierre écoutait stupéfait. Tout un monde de menaçantes figures, dont il ne soupçonnait pas même l’existence, se dressait à l’improviste autour de lui. Il essaya de protester timidement en faveur de Charlotte d’Aleix, la fiancée du fils qu’il avait perdu, mais Giambattista répliqua d’un ton tranchant :

— On ne peut pas tout vous apprendre en un jour. Quand vous connaîtrez bien les gens et les choses, quand vous verrez les mailles du filet qui vous enveloppe, le vertige vous prendra comme il arrive au moment où l’on regarde, en arrière de soi, le précipice auquel on a